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Utérus
Tumeurs ovarienne
Les tumeurs ovariennes sont rares. Elles représentent autour de 1 % des tumeurs spontanées chez la chienne.
Les tumeurs ovariennes se développent le plus souvent sur les chiennes âgées (plus de 6 ans). Cependant, les tumeurs des cellules de la granulosa et les tératomes ovariens peuvent être retrouvées sur des chiennes plus jeunes.
Les tumeurs primaires de l’ovaire et sont classées en trois types histologiques :
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Epithéliales :
Les tumeurs épithéliales se développent à partir de la surface externe de l’ovaire et seraient les plus fréquentes chez la chienne. Elles représentent 46 % des tumeurs de l’ovaire dans une étude.
Les tumeurs malignes (adénocarcinomes papillaires, cystadénocarcinomes, carcinomes indifférenciés) sont plus fréquentes que les tumeurs bégnines (adénomes, cystadénomes, fibromes). Des métastases sont présentes au moment du diagnostic dans 48% des cas d’adénocarcinome et touchent la cavité péritonéale, les nœuds lymphatiques intra- abdominaux et le foie. Les tumeurs épithéliales peuvent être bilatérales. Elles sont rarement décrites chez le chat.
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Tumeurs des cordons sexuels :
Elles représentent seulement 34% des tumeurs primitives de l'ovaire.
- Tumeurs des cellules de la Granulosa (90%) : Elles métastasent dans 20 % des cas dans les nœuds lymphatiques régionaux, le pancréas et à distance dans les poumons. Une carcinomatose péritonéale peut être associée. Elles sont souvent unilatérales . Une hyperplasie glandulokystique de l’utérus et des kystes dans l’ovaire contro-latéral sont fréquemment associés.
- Tumeurs du stroma (thécomes, lutéomes, androblastomes) : plus souvent bénignes
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Tumeurs des cellules germinales :
Les tumeurs des cellules germinales sont des tumeurs issues des cellules germinales primordiales pouvant être indifférenciées (dysgerminomes) ou différenciées (tératomes et tératocarcinomes). Elles représentent 20 % des tumeurs primitives de l’ovaire chez la chienne et il n’y a pas de différence d’incidence entre les dysgerminomes et les tératomes
- Les dysgerminomes sont des tumeurs solides dérivées de l’épithélium germinal indifférencié. Ils sont le plus souvent unilatéraux. Ils métastasent peu (10-30 %) dans les nœuds lymphatiques, le foie, les reins, le mésentère, le pancréas et les glandes surrénales. Une hyperplasie glandulokystique de l’utérus et des kystes dans l’ovaire contro-latéral leur sont fréquemment associés.
- Les tératomes contiennent des tissus différenciés pouvant provenir de n’importe quel tissu (follicules pileux, glandes sébacées ou sudoripares, tissu nerveux, cartilage, os, dents, muscles, cristallins, épithélium respiratoire ou intestinal, etc) mis à part les ovaires et les testicules. Les tératomes métastasent dans 50 % des cas et des métastases péritonéales avec une carcinomatose sont fréquente. Les tératocarcinomes sont des tumeurs mixtes.

Photo 1 : adénocarcinome ovarien (CERCA)

Photo 2 : tumeur des cellules de la Granulosa (CERCA)

Photo 3 : tératome ovarien (CERCA)
Les tumeurs des tissus mous non spécifiques (hémangiosarcomes, hémangiomes, leiomyomes) sont rares dans l’ovaire. Les lymphomes, les carcinomes mammaires, intestinaux et pancréatiques peuvent, dans de rares cas, métastaser dans l’ovaire.
Les signes cliniques associés dépendent du tissu d’origine de la tumeur. Les tumeurs épithéliales sont souvent asymptomatiques et de découverte fortuite. Les signes cliniques associés sont liés à « l’effet de masse » abdominal (ascite par compression des vaisseaux lymphatiques ou par obstruction par des métastases, distension abdominale).
En plus des signes cliniques généraux causés par l’« effet de masse » et par les métastases, les tumeurs des cordons sexuels peuvent sécréter une ou plusieurs hormones sexuelles. Un hyperoestrogénisme est à l’origine de pertes vulvaires sanguinolentes, d’une hypertrophie vulvaire et d’une gynécomastie, d’un oestrus persistant ou d’un anoestrus permanent, d’une alopécie bilatérale symétrique, d’une anémie arégénérative, d’une pancytopénie, tandis qu’une sécrétion excessive de progestérone peut causer une hyperplasie glandulokystique de l’utérus et un pyomètre.
Les tumeurs des cellules germinales sont souvent asymptomatiques mais certains dysgerminomes ont une activité sécrétrice à l’origine d’un syndrome de féminisation, d’une anémie arégénérative ou d’un pyomètre.
Les tumeurs ovariennes apparaissent comme des nodules ou des masses de taille et d’échogénicité variables. Elles peuvent avoir une composante kystique et/ou minérale (Figures 1 et 2). De l’ascite, une hyperplasie glandulokystique de l’utérus ou un pyomètre sont fréquemment retrouvés. Des métastases locales et une carcinomatose doivent être recherchées à l’examen échographique.
Les tératomes et les tératocarcinomes sont de grande taille et ont tendance à contenir des éléments hyperéchogènes tels que de l’os ou des minéralisations.
Les tumeurs épithéliales sont également de grande taille et leur grande taille semble être un critère de malignité.
Les kystes folliculaires et les tumeurs ovariennes sécrétantes (tumeurs des cellules de la granulosa, dysgerminomes) à composante kystique peuvent conduire aux mêmes images échographiques et aux mêmes signes cliniques causés par l’hyperoestrogénisme. Une réponse au traitement médical oriente vers la présence d’un kyste folliculaire.
Diagnostic différentiel :
Kystes ovariens
Toutes les masses localisées à proximité d’un ovaire
Néanmoins est impossible de diagnostiquer à l’échographie le type de tumeur ovarienne.
La réalisation de biopsies échoguidées est déconseillée du fait du risque de dispersion des cellules tumorales.
Une analyse cytologique du liquide d’épanchement abdominal peut informer d’un processus malin. L’ovariohystérectomie est le traitement de choix et le diagnostic de certitude est donné par l’analyse histologique des ovaires.

Figure 1 : Tumeur ovarienne à composante kystique et contenant des minéralisations



Figure 2 : Tumeur des cellules de la granulosa chez une chienne Bouledogue Anglais de 9 ans. La chienne présentait des écoulements vulvaires sanguinolents depuis plusieurs mois. Une masse de 8.6x7cm, hétérogène se trouve en région abdominale moyenne. Des cavités hypoéchogènes mal délimitées sont présentes dans la masse (A), ainsi que des petits éléments hyperéchogènes pouvant correspondre à des minéralisations (B). L’analyse histologique après ovariectomie est en faveur d’une tumeur des cellules de la granulosa. CERCA (image du haut) et Service d’imagerie (image du bas)
Figure 1 : Tératome ovarien chez une chienne Boxer de 2 ans ne présentant pas de signes cliniques